La voiture électrique, vraiment propre ?

Actualités La voiture électrique, vraiment propre ?

Nous vivons actuellement une période clé pour le climat. L’écologie et le réchauffement climatique n’ont jamais été autant au cœur de l’actualité et des préoccupations, notamment celle du gouvernement qui a décidé de lancer sa grande chasse au carbone.

 

Naturellement, ce n’est pas seulement le mix énergétique qui est concerné, mais aussi les transports, et bien-sûr le véhicule particulier ne fait pas exception à la règle. 2020 se présente d’ores et déjà comme une année charnière avec l’installation d’un malus écologique d’une sévérité inouïe pour les véhicules thermiques les plus polluants. L’ambition du gouvernement est évidente : poser les jalons de la transition vers l’électrique.

 

Ce fameux véhicule électrique, source de tous les miracles à tel point que des sociétés comme Tesla atteignent des capitalisations record (Même après de longues périodes sans gagner un dollar). Pour autant, contrairement à ce qui est souvent avancé, le véhicule électrique n’est pas « zéro emission » ni même propre. D’ailleurs le terme véhicule propre est une utopie dans le sens ou tous les procédés industriels en amont de la sortie d’usine du véhicule sont encore aujourd’hui très polluants. Alors qu’en est-il réellement ? L’électrique est-il réellement l’avenir de l’automobile ? Ou les gouvernements nous poussent-ils vers une technologie spéculative sans savoir ce qu’ils font ? VPN Autos vous éclaire dans cette nébuleuse qu’est l’Automobile électrique.

 

EN COULISSES..

 

Ce qu’il faut comprendre, c’est que si une voiture électrique semble propre en roulant, il n’en est pas de même à sa création. Ses composants comme la batterie utilisent un ensemble de matériaux rares (Néodyme, Cobalt, Graphite, Lithium) dont l’extraction et le raffinage nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau et de produits chimiques, qui génèrent une pollution des sols extrêmement élevée.

 

Ces matières proviennent majoritairement de régions telles que l’Asie, l’Amérique du Sud, et l’Afrique par une main d’œuvre pauvre qui subit de plein fouet la pollution de l’air et des nappes phréatiques, sans compter l’acheminement de ces matériaux qui aboutit à un bilan carbone assez discutable. Pour l’instant le parc de VE mondial est assez réduit, mais qu’en sera-t-il si le monde entier passe au tout électrique ? Il sera important que les procédés industriels évoluent vers une exploitation plus propre et responsable, au risque que la pollution qui sorte par une fenêtre, ne revienne par l’autre.

 

CÔTÉ USINE

 

Dans une usine, la fabrication du véhicule en lui-même nécessite le double d’énergie par rapport à un véhicule thermique (notamment pour certains composants qui nécessitent des procédés de fabrication a très haute température) et a sur tout son cycle de vie, une consommation énergétique semblable à celle d’un diesel. ( cf. Les potentiels du véhicule électrique, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, 2016.)

 

Toutefois si l’industrie se dirige vers l’électrique, il y a fort à parier que les processus vont se moderniser et se perfectionner progressivement.

 

ET POUR ALIMENTER TOUT CE BEAU MONDE ?

 

Second paramètre à prendre en compte, c’est l’approvisionnement en énergie des véhicules électriques. Là, l’équation se complexifie encore davantage. Tout dépend du mix énergétique :

 

Dans des pays tels que la Pologne ou la Chine où la production d’électricité provient majoritairement de la combustion de charbon, on estime qu’un véhicule électrique n’émet alors que 25% de CO² en moins par rapport à un véhicule diesel, selon une étude commandée par l’ONG Transport et Environnement (2017).

 

En France en revanche, 77% de l’électricité vient du Nucléaire. Donc un véhicule électrique émet alors 80% de CO² en moins par rapport à un diesel. Le bilan est déjà beaucoup plus convaincant. Maintenant reste à savoir si le Nucléaire est « propre » dans la mesure ou il produit des déchets dangereux et présente un risque d’exploitation potentiellement catastrophique… Il s’agit là de tout le problème : il y a pour l’instant toujours un paramètre qui vient tout remettre en question.

 

Et si le parc électrique venait à croitre (et c’est le cas) quel mode de production énergétique serait privilégié ? Des pays comme la Chine construisent chaque année plusieurs dizaines de centrales au charbon malgré les accords de la COP21 et n’ont aucunement l’intention d’arrêter. Dès lors, on ne produirait pas de Co² en roulant, mais en branchant sa voiture.

 

Et il est évident que d’imaginer que la production mondiale d’électricité passera par l’hydroélectrique ou l’éolien relève du doux rêve.

 

Et enfin pour finir, les véhicules électriques génèrent au même titre que leurs cousines thermiques des particules PM10 (particules en suspension) issues de l’usure des plaquettes de freins, des pneus et de la dégradation des revêtements routiers.

 

QU’EN PENSER ALORS ?

 

Alors en conclusion, la voiture électrique est-elle un pétard mouillé ? La réponse est non, il convient simplement de l’aborder avec un regard critique et faire attention face aux industriels et gouvernements qui la vendent comme une solution miracle face au réchauffement climatique.

 

La filière de l’électrique est en train de se développer, jusque là les industriels ne mettaient pas vraiment l’accent sur cette technologie qui restait marginale et exploitée par quelques marques. Mais les processus vont évoluer, se moderniser, les filières d’approvisionnement en matériaux vont probablement se mettre à jour et les techniques de production rationaliser leur consommation énergétique. En quelques années déjà, des évolutions sont perceptibles, le recyclage des batteries et le stockage énergétique ont fait de grands progrès, et le véhicule électrique est en passe de devenir de plus en plus abordable. Il n’est pas incongru de penser que le véhicule électrique est une technologie qui ne demande qu’à être perfectionnée, et si les constructeurs investissent dans ce sens, alors on peut espérer qu’elle mûrisse sans trop tarder.

 

Donc l’électrique pourquoi pas ! Mais le gros du travail reste à faire.

 

Sources :

 
https://news.autojournal.fr/news/1537347/Voiture-%C3%A9lectrique-%C3%A9cologie-environnement-pollution-batteries
https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/diesel/pourquoi-la-voiture-electrique-pollue-plus-que-ce-que-vous-pensez_3030669.html
https://www.transportenvironment.org/press/electric-cars-emit-less-co2-over-their-lifetime-diesels-even-when-powered-dirtiest-electricity
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_guillaume-pitron-je-pense-que-nous-allons-vers-un-electricgate-comme-il-y-a-eu-un-dieselgate?id=10403315